L’une de mes activités consistait à escalader des arbres immenses afin de collecter des poussins d’aras rouges et d’aras chloroptères. Je devais ensuite prendre toutes sortes de mesures sur les oisillons avant de les replacer dans leurs nids.
C’est lors de ma première intervention que j’ai pris conscience que je me trouvais face à l’animal le plus beau, le plus mignon du monde.
Il était là, devant moi, dans son nid. Il était bien dodu, tout rond, tout rose et glabre. On aurait dit un bonbon. Il était vraiment à croquer ce petit poussin.
Ses yeux n’étaient pas encore ouverts car il était trop jeune. Ses ailes minuscules frétillaient par moment. Ses pattes n’étaient pas assez puissantes pour maintenir son corps debout. Sa petite queue formait une sorte de moignon boursouflé. Sur sa tête, il avait tout de même quelques cheveux soyeux.
Il poussait de temps en temps des cris aigus très doux. J’avais vraiment envie de lui donner de la tendresse, de le couvrir de bisous tant il était adorable ! Et en plus il sentait bon !
Son odeur était un mélange d’humus, d’écorces, de fleurs tropicales et de chlorophylle.
En voyant une telle perfection de beauté, j’ai alors compris pourquoi tant de gens voulaient avoir le même à la maison.
Mais souvenez-vous que le commerce d’animaux exotiques entraine toujours des trafics. Et que pour chaque animal qui arrive jusqu’à son client définitif, on estime qu’environ une dizaine meurent en cours de route !
Ne confondez pas aimer un oiseau et aimer posséder un oiseau.
Ne confondez pas aimer la liberté et aimer emprisonner la liberté.
Ces magnifiques poupons deviendront de beaux aras qui survoleront la canopée amazonienne si nous les laissons vivre en paix.
Qu’ils seront gracieux avec leurs superbes plumes éclatantes ! Mais jamais plus ils n’atteindront la beauté indescriptible qu’ils possédaient à leurs naissances.